L’entrée du stade Tata Raphaël à moins de neuf mois du début des Jeux. (Photo Alejandro Valente)

Stade Tata Raphaël, une histoire à réécrire

Sports

Vieux de 70 ans, le stade Tata Raphaël porte bien son âge. Pour les Congolais, il évoque la grande histoire politique et sportive dès les premières heures de la lutte pour l’indépendance. En vue des Jeux de la Francophonie, les travaux de réhabilitation traînent en longueur. Sera-t-il au rendez-vous ?

Pour nous rendre au stade Tata Raphaël, il faut nous aller jusqu’à la commune de Kalamu, à Kinshasa. Mais c’est surtout un voyage vers le passé que nous réalisons en ce début novembre 2022. Car ce vieux stade a joué un rôle majeur dans l’histoire du Congo. Les vieux Kinois ont encore en mémoire le combat du siècle entre Mohamed Ali et George Foreman en 1974. Ou la venue du Roi Pelé avec son club, Santos, pour un match de gala contre les Léopards en 1967. Il y eut également le premier succès d’un club kinois, l’AS Vita Club, en Coupe d’Afrique des clubs champions en 1973. Ou encore l’exploit du Zaïre, première nation d’Afrique noire à se qualifier pour une Coupe du monde, celle de 1974.

En 1974, Mobuto Sese Seko levait le bras victorieux de Mohamad Ali, devant un stade Tata Raphaël (appelé alors du 20 mai) plein à craquer. (Photo Archives)

Situé en face de ce qu’était le siège du mouvement de Patrice Lumumba, héros de l’indépendance, le stade Tata Raphaël a longtemps été l’épicentre des rêves de grandeur de Mobutu Sese Seko, qui l’avait rebaptisé Stade du 20 mai en souvenir de la date de la création du mouvement populaire de la révolution, le parti unique de l’époque.

Un sentiment d’abandon

Que reste-t-il de tous ces grands moments aujourd’hui ? Lorsque nous débarquons au pied des gradins, notre cœur se serre à la vue des tribunes sales et délabrées, le sol couvert de caillasses, l’intérieur dans un triste état, le sol humide. Un sentiment d’abandon.

Le directeur national des Jeux, Isidore Kwandja, ne cache pas le défi de réhabiliter le stade dans un très court délai. (Photo Alejandro Valente)

« Tata Raphaël est le site qui me pose aujourd’hui le plus de problèmes », reconnaît Isidore Kwandja, directeur national des Jeux de la Francophonie. Nommé le 8 novembre 2021, il pointe la responsabilité des quatre directeurs qui l’ont précédé à ce poste pour expliquer le retard dans les travaux de réhabilitation. Il assure avoir rapidement mis sur pied, dès sa nomination, un projet de travaux approuvé par les autorités, qui ont dégagé les fonds nécessaires. Mais le chantier est immense.

Un site majeur des Jeux

Car le stade Tata Raphaël sera un site majeur des Jeux. Le football se jouera en partie dans l’enceinte. Et jouxtant le stade, des bâtiments sont en construction pour accueillir le judo, la lutte libre, la lutte africaine et le tennis de table, ainsi que des terrains d’entraînement. Le village des Jeux devait également être là, avant d’être délocalisé à l’Université de Kinshasa où les athlètes occuperont les chambres habituellement réservées aux étudiants. Isidore Kwandja rappelle à ce sujet que d’autres villes organisatrices ont fait de même, dont Beyrouth, Ottawa et Nice notamment. Le village de Tata Raphaël sera néanmoins construit, promet-il, pour être prêt pour les Jeux congolais qui auront lieu à l’avenir.

Les fondations de tous ces bâtiments sont déjà bien avancées, et seront achevées en janvier. Ensuite, ce sont des structures préfabriquées et modulables, déjà commandées, qui seront montées sur place, comme nous l’a confirmé le gestionnaire du projet, Oscar Matu Matumona. Quant au stade, une pelouse synthétique sera installée pour permettre le déroulement des matches de football.

Devant toute cette agitation, le buste du Père Raphaël de la Kethulle reste imperturbable. Pionnier du football congolais, Tata Raphaël, comme l’appellent affectueusement les Kinois, repose tout près de l’enceinte qui porte son nom. Et dans ces moments difficiles, il apporte la sérénité de ceux qui en ont vu d’autres pour nous rassurer et nous permettre d’espérer que les travaux menés tambour battant seront bien achevés à temps.

Reportage réalisé par par Voldy Matiafu, Henock Bituatua, Jenovic Lumbuenadio, Magnificat Kitete Letshu, Linda Lusonso, David Nzolantima Witt, Rachel Ilanga, Jonathan Kitoko, Moïse Muhindo, Horxis Boongo, Josaphat Mayi, Ketsia Katshabala , Odon Bakumba, Josué Lelo, Nervy Kadiebue.

L’équipe de la masterclass de journalisme sportif de l’Ifasic qui signe ce reportage pose avec Isidore Kwandja. (Photo Patient Ligodi)

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