Il est l’un des plus grands stades d’Afrique, avec une capacité de plus de 80.000 spectateurs. Le stade des Martyrs de la Pentecôte, situé en plein cœur de Kinshasa, sera le site principal des prochains Jeux de la Francophonie. Nous l’avons visité en plein chantier de réhabilitation, à près de neuf mois du coup d’envoi de Kinshasa 2023.
Sa silhouette imposante est au croisement de deux des plus grandes avenues de Kinshasa. Le soleil éclatant de novembre accompagne notre arrivée dans ce vaste chantier. Sous une chaleur accablante, les bruits générés par les centaines d’ouvriers qui y travaillent, l’odeur du ciment, la poussière qui flotte dans l’air, nous accueillent à notre descente de voiture. Sur place, Isidore Kwandja, directeur national des Jeux, nous attend avec le chef du chantier, l’ingénieur civil Joseph Ajami.
Autour du grand stade des Martyrs, plusieurs bâtiments commencent à sortir de terre et d’autres font l’objet d’une réhabilitation. Le secteur qui concentre la plus grosse activité concerne la construction d’un immense bâtiment consacré au basket. « A l’intérieur de ce bâtiment, deux stades se tiendront côte à côte, explique Isidore Kwandja. Le plus grand pourra accueillir 3.000 spectateurs, le plus petit 2.000. Deux matches pourront se dérouler en même temps ».
Pour l’heure, difficile de visualiser cette structure. Les fondations semblent prêtes, et des colonnes s’élèvent dans le ciel. « Nous sommes presque prêts pour poser les gradins métalliques qui ont été commandés et qui devraient arriver le 24 novembre », explique le chef du chantier. Joseph Ajami précise que les travaux sont prévus pour s’achever en février prochain, même si le délai dont disposent les organisateurs peut s’étendre jusqu’à fin avril, à trois mois du coup d’envoi des Jeux.
150 à 200 ouvriers y travaillent chaque jour
Pour tenir ces délais, entre 150 et 200 ouvriers s’affairent chaque jour, dans deux équipes permettant de travailler de jour comme de nuit. Outre ces deux stades consacrés au basket, un troisième stade, plus petit, est en cours de réhabilitation pour le faire passer de 500 à 700 sièges. Principalement destiné aux entraînements, il pourra aussi accueillir quelques matches.
Nous avons visité aussi un grand bâtiment qui deviendra le Centre d’information technique. Un lieu qui a une valeur historique, soulignait le directeur national des Jeux : « A l’époque coloniale, c’est ici que les ressortissants d’autres provinces devaient venir s’enregistrer pour recevoir une carte leur permettant de séjourner à Kinshasa ».
C’était bien avant la construction du grand stade, inauguré en 1994 sous le nom de Kamanyola. Ce n’est que plus tard qu’il recevra le nom de stade des Martyrs de la Pentecôte, en hommage aux opposants pendus à cette date, en 1966, par le président Mobutu Sese Seko.
Théâtre des plus grands événements sportifs et culturels
Depuis près de trente ans, cette enceinte accueille les plus grands événements sportifs et culturels de la République démocratique du Congo. C’est là que les Léopards ont vécu leur plus grande désillusion en étant éliminés de la course à la Coupe du monde 2018 face à la Tunisie. C’est là aussi qu’ils se sont qualifiés pour la CAN 2019 face au Libéria, le jour du retour en équipe nationale de Trésor Mputu. Le stade des Martyrs a été le théâtre de concerts historiques, notamment ceux de Werrason, JB Mpiana, Papa Wemba, King Kester, Koffi Olomide, le grand Wenge 4 X 4 et Fally Ipupa.
A partir du 28 juillet prochain et jusqu’au 6 août, il sera le site principal des Jeux de la Francophonie. C’est au grand stade, aux couleurs du drapeau national, qu’auront lieu les cérémonies inaugurale et de clôture de Kinshasa 2023. C’est là aussi que se dérouleront les principaux matches de football et les compétitions d’athlétisme, ainsi que l’arrivée de la course cycliste en ligne. Un grand stade qui devrait faire le plein des 80.000 places assises.
Tous ces travaux constituent un gros investissement pour la République démocratique du Congo. Un effort justifié, selon Isidore Kwandja, par la nécessité de doter le pays des infrastructures qui lui manquaient tant et qui demeureront pour le profit de la jeunesse congolaise. Des championnats nationaux devraient s’y dérouler chaque année. Et une commission sera mise en place pour gérer ces infrastructures et veiller sur leur maintenance.
Le directeur national des Jeux voit dans ces efforts une opportunité pour former des futurs champions et détourner certains jeunes de la délinquance. « Ces jeunes qui vont dépenser leur énergie en blessant les gens avec des machettes auront un endroit pour canaliser cette énergie ».
Dans neuf mois, les ouvriers laisseront la place à des milliers de spectateurs venus assister aux 9èmes Jeux de la Francophonie.
