Le préau de l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication (Ifasic), dans la commune de la Gombe à Kinshasa, a servi, le samedi 29 octobre, de cadre à la cérémonie du vernissage du livre de Simon Diasolua Zitu, intitulé «Entre ciel et terre». Premier pilote de ligne congolais, ayant compté, entre autres passagers, le pape Jean-Paul II, le couple royal belge et Mohamed Ali, l’auteur, 79 ans, évoque son expérience d’environ quarante ans, truffée d’anecdotes particulièrement croustillantes.
Composée essentiellement d’étudiants, la chorale Chœur de l’IFASIC captive d’entrée de jeu l’attention du parterre d’invités, par des cantiques classiques, faisant même oublier les 35 degrés à l’ombre… À midi trente, un homme habillé en veste bleue de nuit, chemise blanche plus cravate et lunettes noires, fait son entrée. Il se dirige droit derrière le chevalier indiquant Simon Diasolua.
Édité chez l’Harmattan depuis 2014, son livre n’est donc pas nouveau, mais plutôt sa présentation à Kinshasa enfin, après celle qui a eu lieu tour à tour à Bruxelles et à Paris. Ce retard est dû aux raisons que l’auteur lui-même qualifie, lors de sa prise de parole, de «personnelles».
« C’est la première fois que nous avons cette opportunité, confie Simon Diasolua. Il y a des gens qui peuvent se demander pourquoi avoir attendu si longtemps pour présenter le livre. Sans vouloir entrer dans les détails, nous étions dans l’obligation de ne pas le faire au moment où nous souhaitions le faire. Pour des raisons personnelles. Comme je ne fais pas de politique, je ne peux pas polémiquer. »
Sur 196 pages, Simon Diasolua raconte avec un luxe de détails assez intéressants son expérience de près de 40 ans sous la casquette de commandant de bord de la compagnie nationale aérienne Air Congo d’abord, puis Air Zaïre et enfin Lignes aériennes congolaises (LAC), mais aussi à la Direction des opérations d’Air Zaïre.
Pilote d’un Mohamed Ali émerveillé
A bord de son avion DC-10, l’orateur du jour, doté d’un impressionnant sens du récit, affirme avoir convoyé d’illustres personnalités telles que le roi des Belges, Baudouin, et la reine Fabiola (à travers plusieurs villes du pays), le pape Jean-Paul II, des chefs d’Etats, mais également Mohamed Ali à Kinshasa, à l’occasion du “Combat du siècle” en 1974. D’ailleurs, le Greatest, impressionné de voir un personnel navigant entièrement noir, aura passé tout le trajet (de Paris à Kinshasa) dans le cockpit…
Simon Diasolua a aussi suivi des cours spécialisés à Singapour sur les enquêtes d’accident. Il a enquêté sur 11 crashs d’avion dont celui de Type K à l’aéroport de Kinshasa Ndolo, la plus grande catastrophe aérienne ayant occasionné la mort de 400 personnes dans un marché de Kinshasa. Ainsi, il évoque la problématique liée à cette fameuse liste noire des pays dont les aéronefs sont interdits de vol dans le ciel européen et américain. L’auteur y répond en brossant un aperçu historique du contexte dans lequel, la RDC, alors Zaïre, s’est retrouvée dans la situation à laquelle elle est confrontée aujourd’hui.
D’après lui, lorsque le marché aéronautique est libéralisé dans les années 1990, le pays avait enregistré cent compagnies aériennes, dans le seul secteur privé. Chose qui, de son point de vue, n’était plus profitable pour les entreprises de ce type, en termes de rentabilité et de recettes! Moralité: nombre de compagnies aériennes ne pouvaient plus entretenir leurs appareils faute de moyens… Elles enregistreront alors des crashes en série, à tel point que la RDC sera finalement considérée reprise sur la liste noire! Une situation qui incommode sérieusement ce pilote, jadis de l’une des plus grandes compagnies aériennes de l’Afrique subsaharienne…
Sur le ton d’un plaidoyer, l’auteur invite enfin les autorités congolaises au respect de la convention de chicago de 1944, dont le Zaïre à l’époque avait ratifiée. Ledit document régit les États dans le domaine d’aviation, en fixant les normes et modalités des compagnies aériennes au standard international.
Aussi insiste-t-il sur le respect strict du code de l’air, voté en 2011 par les deux chambres du parlement congolais, et promulgué en 2012 par Joseph Kabila.
La cérémonie de vernissage d’”Entre ciel et terre” a été rehaussée de la présence des autorités politiques et académiques, notamment, le Ministre des transports et voies de communication et désenclavement, Chérubin Okende Senga, et du Secrétaire Général Académique de l’Ifasic, Arthur Yenga. Un témoin de l’événement n’a pas caché sa satisfaction: “Je suis heureux de participer à cet événement très important, où je vois Simon Diasolua, un grand pilote qui a honoré notre pays dans le domaine d’aviation, et j’invite les autorités congolaises au respect du code de l’air pour redorer le blason terni. “