En deux années d’existence seulement, la bibliothèque Miezi est devenue une référence à Kasa-Vubu, une des communes les plus chaudes de Kinshasa. Jeunes et vieux s’y croisent régulièrement, le temps de lire un livre ou d’échanger autour d’un auteur à succès. Ce qui paraît aujourd’hui aussi aujourd’hui aussi normal que Noël en décembre, était au départ insolite à l’idée que cette partie de la capitale est réputée pour l’addiction des jeunes à la musique et au football. Voilà qu’une bibliothèque vient rompre avec les préjugés et les stéréotypes!
C’est sur un bruit sec que le portail marron de la bibliothèque Miezi s’ouvre ce lundi 31 octobre. Ermeline Nlandu, jeune étudiante à l’Université pédagogique nationale (Upn), fait son entrée dans cet espace culturel, vêtue d’une robe rouge, un chapeau bleu vissé sur sa tête.
Elle à l’air fatigué… Visiblement elle vient de loin; mais sans prendre le temps de souffler et de sécher la sueur, Ermeline va faire le tour des tables où sont exposés les livres à l’entrée de la bibliothèque, histoire de voir s’il y a des nouveaux arrivages.
Ermeline passe ensuite à la réception où un homme d’une trentaine, l’accueille avec sourire. Ce dernier enregistre l’identité de la jeune lectrice dans un gros registre, comme pour la vingtaine de personnes qui viennent en moyenne visiter chaque jour là bibliothèque. C’est la condition sine qua none à Miezi pour avoir accès au rayon comprenant tous les livres des auteurs congolais et étrangers. Une particularité de cette bibliothèque qui s’engage à assurer la promotion de la production littéraire nationale.
À l’intérieur de la salle, trois grosses étagères, sur un espace de près de 15 mètres carrés, bordent les murs… Au milieu sont disposées des chaises autour de tables non loin d’un jeu de billard. Des livres dominent chacune de ces étagères, lesquelles retiennent l’attention d’Ermeline. Celle-ci jette son dévolu sur un livre de la romancière belge, Amélie Nothomb, avant de s’installer pour le dévorer à belles dents!
« Nothomb est mon auteure préférée, la meilleure de mon point de vue, fait remarquer Ermeline visiblement enthousiasmée. je suis venue de très loin, pour lire un de ses romans ».
Faire taire les préjugés
La jeune étudiante qui vient du sud de la ville (à 22 kilomètres plus loin), ne tarit pas d’éloges à propos de cette bibliothèque. « Miezi est venue faire taire les préjugés selon lesquels on ne lit que dans la commune de la Gombe. J’ai aussi des amies qui viennent lire ici. En outre, l’image de Kasa-Vubu est du coup revalorisée. En dehors d’être un nid d’ambiance, il y a désormais dans cette commune un lieu par excellence de lecture», assure Ermeline.
Cependant, l’étudiante à l’Upn reconnaît que l’engouement n’est pas encore important comme elle le souhaite. « Les gens ne viennent pas nombreux ici comme j’aimerais que ça soit le cas, regrette-t-elle sans se décourager pour autant. Je pense qu’il faudrait transmettre la culture de la lecture aux jeunes, ainsi en grandissant, celle-ci va rester ancrée en eux »
Aussi demande-t-elle à l’État « d’accompagner ce genre d’initiatives et de les répandre sur toute l’étendue de la ville. » Ermeline estime que ce serait « une manière de décomplexer nombre de ses compatriotes, et de lutter ainsi contre la délinquance juvénile à Kinshasa ».
Installée depuis 2021 dans la commune de Kasa-Vubu, Miezi qui est aussi une maison de culture, a été créée pour rompre avec le cliché qui veut que la culture littéraire ne soit localisée qu’à la Gombe, autrefois le quartier des Blancs avant l’indépendance, et centre des affaires…