C’est par des applaudissements, suivis de rires et d’acclamations qu’a pris fin la projection du film “Le Mandat” de Sembene Ousmane, ce samedi 29 octobre, à la bibliothèque Wallonie Bruxelles de Kinshasa. Ce long métrage classique qui dure une heure trente retrace l’histoire d’un chef de famille, pauvre chômeur, Ibrahima Dieng, Sénégalais généreux qui se retrouve dans un pays où « l’honnêteté est un délit » qui se fera duper par ses compatriotes.
Des acclamations. Des spectateurs qui rigolent entre eux. Près d’une trentaine de personnes dont la plupart cinéastes et producteurs, mais aussi écrivains et journalistes sont venues assister à la projection du film de Sembene Ousmane, qui relate les revers de la vie sociale du Sénégal au lendemain des indépendances.
Dans la salle climatisée plongée dans l’obscurité pour la projection du film “Le Mandat”, des rires se font entendre après quelques séquences. D’ailleurs, cette atmosphère sera observée tout au long de la projection. Sourires aux lèvres, quelques chuchotements hilarants, le suspens a tenu jusqu’au bout les spectateurs qui ont été emportés par les mésaventures d’Ibrahima Dieng, personnage principal de ce film.
Dans ce film en wolof, sous-titré en français, projeté pour la première fois en 1968, le réalisateur fait plonger ses spectateurs dans un récit qui tourne autour d’Ibrahima Dieng. Ce père de famille reçoit un mandat venant de son neveu Abdou qui vit en France. L’annonce de l’arrivée du mandat fait naître beaucoup d’espoir chez Ibrahima et dans tout le quartier où la majorité des habitants vit dans la pauvreté.
Ibrahima Dieng verra son espoir fou l’emporter dans des tribulations nombreuses et se transformer en désillusions amères. Il va effectuer de nombreux déplacements pour pouvoir toucher le fameux mandat. Toutes ces démarches ne vont aboutir à rien. De la poste à la grande mairie, en passant par l’atelier d’Ambroise, le photographe, ces files d’attente l’amènent à regretter.
Des spectateurs enthousiasmés par la mise en scène de Sembene Ousmane
« C’est un réalisateur qui a marqué le cinéma africain. Je dirai même l’un des piliers du cinéma africain. Je suis impressionné par sa scénographie. Ce film date de très longtemps mais en regardant sa mise en scène, beaucoup de films d’aujourd’hui ne peuvent pas rivaliser. Regardez un film de cette époque pendant une heure et trente minutes sans se perdre, c’est un exploit qu’il faut reconnaitre », s’exprime d’une voix fine Jonathan Mubangi, cinéaste. Selon lui, ce genre de film devrait inspirer les acteurs congolais.
Jeannot Diop est un amoureux du cinéma. Le film le replonge dans ses origines sénégalaises. « J’avais un oncle qui venait avec des films à la maison. Et une fois, il nous avait ramené une série de films de Sembene parmi lesquels, “Le Mandat”. Aujourd’hui, j’ai ressenti le même suspens que dans le passé. Sembene Ousmane a marqué l’histoire du cinéma africain et mondial. J’ai eu la chance de le rencontrer à Dakar en 2006 avant sa mort », se souvient-il avec émotion.
Après cette projection, un échange a tourné autour du cinéma congolais. Les acteurs présents ont évoqué les difficultés que rencontrent les cinéastes congolais, notamment sur le manque d’une industrie cinématographique, le manque de financement, mais aussi d’une bonne politique pour relancer le cinéma congolais.
Les participants ont proposé des pistes de solutions parmi lesquelles la mise en place d’une industrie cinématographique à l’instar du Nigéria qui dispose aujourd’hui d’un secteur d’activité prospère dans ce domaine. A l’image d’Ibrahima Dieng, les cinéastes congolais sont à la quête de leur “Mandat” pour redorer l’image du cinéma congolais.