Le groupe Lukula a rassemblé dimanche 30 octobre les habitants de la commune de Ngaba autour de la danse traditionnelle Mbala. Un spectacle riche en couleurs, accompagné de plusieurs chants tirés d’autres ethnies de la RDC.
Trois tentes bien disposées; les instruments bien rangés par famille, les percussions d’un côté et les guitares de l’autre; une trentaine de chaises arrangées de manière à recevoir les invités. Dans les coulisses improvisées sur une terrasse voisine, les danseurs se préparent à livrer un spectacle inédit pour le public de la commune de Ngaba, mais également d’autres communes de la capitale.
Vêtue d’une jupe et d’un t-shirt rouge, Jacqueline Beya, l’une des danseuses du groupe, 54 ans, est présentée comme l’une des meilleures danseuses de Mbala. Elle a commencé sa carrière en 1996 dans la province du Kwilu: « J’ai une histoire avec la danse folklorique Mbala. C’est dans mon sang, j’ai commencé une carrière avant de me marier, et, j’ai eu mes quatre enfants tout en étant danseuse. Ce qui est difficile c’est le regard des gens sur nous danseuses. j’essaie de mettre l’équilibre entre ma vie de mère et la danse qui est une passion de ma jeunesse ».
Au delà des difficultés, Jacqueline, surnommée “Kija”, ne cache pas sa fierté: “C’est un honneur de représenter le Kwilu dans le groupe Lukula”. La province agricole du Kwilu est située à l’ouest de Kinshasa et parfois surnomée “le grenier” de la capitale.
Le soleil est au zénith, le spectacle de danse s’ouvre avec une musique traditionnelle Mbala. Tous les danseurs sont en place, tous habillés en pagne. Le public s’approche peu à peu en formant un cercle autour des danseurs. La grande rue Le Champignon se met à danser au rythme de la musique traditionnelle.
Le kimpanda nzila résonne. C’est un son historique des ressortissants du Kwilu. Les mouvements de hanche, un pas devant, un en arrière, une suite continue de gestes de la tête et des pieds. Tout l’orchestre bouge y compris les spectateurs. « Je danse le kimpanda nzila. Un son connu de tous. Je ne suis pas originaire du Kwilu ou de Maï-Ndombe, mais cette danse je l’admire beaucoup», explique Joël Mutombo, un spectateur
Promouvoir la musique traditionnelle par la danse
Soudain, surprise, l’orchestre se met à jouer une chanson baptisée « Mikwesi ». “C‘est un mariage musical de plusieurs langues ethniques”, explique l’un des percusionnistes.. La foule s’agrandit, la circulation est bloquée, des voitures sont empêchées de passer mais les conducteurs ne laissent pas tous de l’argent aux artistes malgré les sollicitations. La population ne cesse d’affluer vers le spectacle. Les balcons des maisons se remplissent. Le son traverse plusieurs avenues jusqu’à alerter le fin fond du quartier voisin de Mukulua.
« Le but n’est pas seulement de promouvoir la culture Mbala, nous faisons aussi des mixtes de plusieurs langues ethniques dans le but de promouvoir la musique traditionnelle par la danse, c’est un véritable défi de rassembler toutes les tribus autour d’une seule musique voilà pourquoi nous optons pour le mixage afin de mettre tout le monde à l’aise », explique le secrétaire général de l’orchestre Lukula, Gaspard Nzey.
Un décor inhabituel pour le spectacle
Pour clôturer le mois d’octobre, les organisateurs ont choisi un décor inhabituel pour faire savourer la danse traditionnelle au public. Les boissons circulent enfin pour rafraîchir les danseurs et les invités. Douze chansons traditionnelles, différentes chorégraphies, un vrai régal pour le public qui ne voit pas la nuit venir.
Faire vivre la musique traditionnelle, la partager surtout, voilà l’objectif de ce spectacle de rue qui a duré 7 heures du temps. Auprès du public c’est une première dans ce coin de la capitale. D’autres rencontres de danse sont prévues à la fin du mois de novembre et au début du mois de décembre dans d’autres communes de Kinshasa.
