Artiste sculpteur, Mela Constat peint son œuvre. Photo: Henock Kalala.

Le sculpteur, Nela Constat ressuscite l’histoire du mythe Nkisi Nkosi du royaume Kongo

Culture

Les touristes qui visitent l’Académie des beaux-arts (ABA) sont attirés par l’oeuvre de l’artiste Nela Constant. A l’entrée de l’atelier de sculpture, cette création reçoit les dernières retouches de son concepteur. Il s’est inspiré du mythe Nkisi Nkosi qui remonte à l’époque du royaume Kongo. 

Le projet est si important aux yeux de Nela Constat, qu’il a choisi de déménager temporairement. Pour achever sa sculpture, l’étudiant a quitté sa commune de Kalamu pour résider sur le site universitaire durant cinq mois. Pour lui, l’objectif était double: se concentrer pleinement sur son travail et perfectionner quotidiennement la statue de Nkisi Nkosi.

A notre arrivée, samedi 29 octobre 2022 dans l’enceinte de l’Académie de beaux-arts, sous une chaleur accablante, Nela Constat, étudiant en deuxième graduat s’apprête à sortir de son logement temporaire pour se rendre à l’atelier de sculpture qui est juste situé à quelques mètres.

L’homme est sous pression. Le temps risque de manquer. Il ne reste que deux jours pour terminer l’œuvre avant la remise du travail pratique réalisé dans le cadre du cours d’assemblage. 

Nela Constat s’empresse de rassembler ses outils de travail afin d’affiner sa statue. Habillé en tricot chocolat et pantalon noir couverts de taches qui témoignent des heures passées à sculpter, Nela rassemble ses matériaux entre autres, pinceaux, boulons, etc. Question pour lui de parfaire sa statue.

La création évoque une légende ancienne. A l’époque du royaume du Kongo (XVIe siècle), Nkisi Nkosi renvoie à l’idée d’une puissance susceptible d’attaquer, ceux qui étaient coupables de vol, mensonge, crime, etc.

Evocation de l’époque précoloniale

Dès son arrivée dans l’atelier, sous les forts bruits de postes à souder qui sont utilisés par ses collègues qui y travaillent, Nela Constat s’accroupit rapidement pour ajuster sa création. Il a d’abord façonné les plâtres en les recouvrant de peinture noire pour évoquer Nkisi Nkosi à l’époque précoloniale. Pour faire dialoguer l’oeuvre avec le présent, le sculpteur a également orné son personnage de boulons dorés et de chaînes de moto autour de la taille. 

Un atelier qui résonne au son des outils manipulés par les artistes. (Photo: Henock Kalala)

« Il s’agit d’une œuvre d’assemblage, au départ elle était destinée à être une statue classique. J’ai essayé de mettre du métal pour donner un nouvel aperçu plus contemporain », nous a expliqué le sculpteur, Nela Constat sans s’arrêter de travailler. Avant d’ajouter : « Moi je suis fan de mythologie j’ai voulu retracer l’histoire de Nkisi Nkosi qui faisait rendre justice à nos ancêtres. J’ai voulu faire revivre Nkisi Nkosi en quelque sorte en ajoutant sur mon œuvre les boulons dorés et des métaux pour évoquer Nkisi Nkosi à l’époque actuelle »

L’œuvre attire les regards

Après les dernières retouches, Nkisi Nkosi présente un corps à la peau noire, bras droit agrémenté de boulons dorés et le corps enserré dans une chaîne de moto avec un bâton dans la main gauche. Cet aspect extérieur accroche l’attention des visiteurs, voire de ses confrères d’atelier. 

Une statue qui attire les visiteurs. (Photo: Henock Kalala)

Quelques personnes s’approchent pour se photographier en mode selfie, d’autres admirent sa qualité. Quant à ses condisciples, ils apportent leurs conseils pour embellir davantage la statue. Et aussi leurs coups de main, comme lorsqu’il faut procéder au nettoyage d’une couleur mal appliquée sur le corps de la statue avant sa levée dans l’atelier.

« Cette chose est si belle », a-t-on attendu de la bouche d’un enfant dans l’atelier de sculpture. Belle, en effet, notamment dans sa version initiale qui était très classique. Avant les ajouts métalliques, Nela Constant a été retenu parmi les artistes sur la liste de l’Académie de beaux-arts pour présenter son oeuvre au roi des Belges, Philippe, lors de son passage à Kinshasa.

Depuis lors, il retravaille son oeuvre pour lui donner une nouvelle dimension plus moderne, toujours sous le signe de Nkisi Nkosi. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *